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L'U.E. ET SA MONNAIE UNIQUE, L'EURO

L'U.E. ET SA MONNAIE UNIQUE, L'EURO

L'Union Européenne et sa monnaie unique l'Euro


L’Euro et ses alternatives

Publié par Bprd sur 18 Mars 2017, 12:00pm

Catégories : #Economie, #Finance, #Euro, #Monnaie

Bernard Prudhon, Avocat, Docteur d’Etat en Science Economique, Ancien maître de conférences aux Universités de Paris I et Paris XII,

Note de la rédaction: Cette courte réflexion critique est la dernière d'une série de quatre qui ont été diffusées pendant un mois. L'objectif de leur diffusion est de faire réfléchir à la gouvernance de l'euro, à son rôle dans la cohésion européenne et d'imaginer de nouvelles pistes pour les consolider. Comme chacun le devine, l'économie est devenue un facteur clé de l'autorité stratégique au XXI siècle et les outils monétaires sont autant des révélateurs implacables que des armes efficaces. La RDN ne pouvait manquer de les évoquer -- Jean Dufourcq.

Et s’il ne s’agissait pourtant que de contenir ou de réduire le flux continu des endettements publics qui ne cessent de s’accumuler, ne serait-il pas plus efficace et plus simple de restituer aux gouvernements de la zône euro l’arme monétaire dont les traités de Maastricht et d'Amsterdam les ont dépossédé ? Elle seule leur permettrait de dégager les excédents commerciaux de nature à compenser la stagnation si ce n’est la régression de leur demande interne, et d’échapper de cette façon à la dépression qui les menace quand elle ne les a pas déjà atteints.

O O O

Un tel aggiornamento n’impliquerait pas l’anéantissement mais la réforme de la monnaie européenne. L’Euro nouvelle manière tenant lieu de monnaie de rattachement, les Etats membres la partageraient à parité de change propre à chacun d’eux, parité elle même insérée dans une échelle de taux assujettie à l’agrément collectif des autres Etats. Un tel panier de monnaie pourrait fonctionner à l’instar de l’agrégat des monnaies de l’european current unit (ECU) du temps du "serpent monétaire européen" (SME) de la Communauté Economique Européenne (CEE), à ceci prés qu’à la différence de l’ecu qui ne fût qu’une monnaie de compte, le nouvel euro aurait fonction de monnaie de paiement à taux diversifiés.

Réforme à avantages multiples. Elle préserverait des dévaluations en "représailles" d’avant guerre,, tout en conservant à l’Europe la cohérence monétaire nécessaire à l’homogénéité de son espace économique. Elle restituerait aux Etats membres la juste mesure de problèmes qui les concernent, et leur aurait permis d’impulser les plans de relances mis en place dès septembre 2008,, l’histoire des faits économiques ne fournissant aucun exemple de relance budgétaire réussie qui n’ait été soutenue par une dévaluation monétaire appropriée.

Ce fut le cas de la Suède confrontée en 1990 à une explosion de crédits immobiliers et qui a laissé la couronne, jusqu’alors rattachée par taux fixe à un panier de monnaies, perdre 20% de sa valeur initiale. En quelques mois ses exportations s’en sont trouvées portées de 27 à 50% de son Pib sans qu’il lui ait fallu pour autant accroitre la charge de son endettement public(8).

Ce fut également le cas du gouvernement argentin, alors interdit par la loi de toute création monétaire au de là de ses réserves de change, et qui pour se financer n’avait d’autre issue que de procéder, lui aussi, à d’incessantes émissions obligataires à taux prohibitifs. L’Argentine n’est venue à bout de ses difficultés en 2002 que par la rupture de la parité fixe liant le peso à sa monnaie de rattachement, c'est-à-dire par la dévaluation de celui-ci et la conversion d’autorité publique des contrats libellés en dollars en contrats libellés en pesos.

Toutes mesures gratifiantes puisque nonobstant les pressions extérieures dissuasives qu’il lui fallut subir, -- dont celles du FMI, -- la dette publique de l’Argentine qui avait atteint 150% du Pib s’en est trouvée réduite à 75% en 2005 et à 50% en 2008(9).

Autre référence, notamment celle du Royaume unis, -- non inclus dans l'euroil est vrai, -- mais qui n'en a pas moins réussi à comprimer ses dettes à l’appui de sa dévaluation de 1992. Preuve a contrario étant par ailleurs rapportée de l’impossibilité de toute autre politique de déflation, dont l’échec patent de la dernière expérience qui en ait été faite, remonte à celle dite du bloc or de 1932.

Le profil de la monnaie unique de l'U.E. est de toute autre nature. Les résultats de son expérimentation, après plus de quinze ans d'âge, autorisent à ce jour à en dresser le bilan. Il suffit en effet pour l'essentiel,

- d'une part de constater une croissance de PIB très au-dessous de celles  relevées  par ailleurs dans le reste du monde,

- et d'autre part un endettement des états membres en ascension permanente jusqu'à hauteur du montant des PIB chez les uns et au-delà chez d'autres, à l'exception toutefois d'un seul d'entre eux l'Allemagne à balance des échanges extérieurs en équilibre quasi permanent, et dont 60% des exportations se trouvent constitués par les importations des autres états membres.

Le tout étant financé par la BCE (Banque Centrale Européenne) qui pratique le QE (Quantitative Easing) consistant à acheter ou prendre en prension les bons du Trésor émis par les Etats en quête de couverture de leur déficit budgétaire, d'où se déduit qu'elle finance moins la production que les déficits publics, au grand risques de krach obligataire  encouru sur les marchés financiers.

 

Dans ces conditions, comment se fait-il qu'au nombre des ministres du Conseil et des commissaires de U.E., aucune voix ne se soit élevée pour signaler le recours possible à l'ajustement monétaire.? Où veulent ils donc en venir ? Question ouverte, laissée sans réponse,. l''analyse économique ne pouvant en tenir lieu. Mais il est vrai qu'on ne parle pas de corde dans la maison d'un pendu.

Les européistes de tous bords se bornent à faire savoir qu'au regard de l'amoncellement des dettes qu'il faudrait alors rembourser il serait impossible de les règler eu égard à ce qu'il en coûterait,  ce qui est inexact dès lors que le propre d'une dévaluation bien menée consiste à alléger d'autant le montant des dettes extérieures,et que l'histoire des faits économique n'en finit plus de références à des zones monétaires qui n'ont duré qu'un temps et dont les plus durables d'entre elles n'ont fonctionné qu'à partir de taux de change multiples.

Comme quoi d'ailleurs, à dénoncer la monnaie unique, on n'est pas moins "européen" qu'un autre. Ce n'est pas tant du principe même d'une monnaie européénne que des modalités de son instrument de mise en oeuvre, dont il est en effet question.. Un euro pour une Europe monétaire peut aussi bien se construire à partrir de taux de change multiples, à moins que ne lui soit assigné un objectif clandestin non dit, visant à faire de l'espace de l'Europe un damier fait de nations  créancières et dominantes et de nations débitrices et dominées,liées les unes aux autres par des rapports de verticalité à la manière des théocraties d'un autre temps

O O O


 

Mais qui donc a dit qu'il n'est de fatalité que celle de peuple qui se couche pour mourir ? L'heure n'est-elle pas venue de ce que l'anthropologue Georges Ballandier appelle "l'insurrection de la différence" ?

 

 

 

(8) Le Monde Economie du 11 mai 2010 : " En Suède la monnaie flottante…″

(9) Le Monde du 11 mai 2010 : "Comment l’Argentine a réduit son endettement″

 

 

 

Bernard PRUDHON

le 2 décembre 2016


 

 

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